Place du droit humanitaire, siège européen des Nations Unies, hôte de nombreuses institutions internationales multilatérales, de plusieurs organisations non gouvernementales mondiales et d’instituts de recherche, la Genève internationale est une place internationale unique, mais actuellement en danger !
La Genève internationale est soumise actuellement à de nombreux vents contraires : retour du bilatéralisme dans les discussions entre Etats en opposition aux formes de multilatéralisme développées depuis la fin de la Seconde guerre mondiale ; coupes financières en particulier des Etats-Unis, mettant en péril la poursuite de nombreuses activités d’institutions et ONG ; perte de capacités de politique extérieure suisse par une moindre reconnaissance de la Genève internationale comme lieu de conférence et de dialogue.
Reconnaissons que si les orientations contre les engagements multilatéraux ont débuté depuis plusieurs années, y compris sous d’autres présidences américaines, les décisions prises depuis l’installation du nouveau président des USA, en janvier 2025, portent des coups sévères notamment par la diminution drastique de moyens financiers indispensables, mais aussi par la mise en place de mode de relations et négociations internationales d’un autre type.
Mais ici aussi reconnaissons que des signes avant-coureurs existaient, comme en 2024 où les vacances de Noël ont été prolongées, l’ONU n’ayant pas suffisamment de moyens pour payer certaines factures d’électricité et de chauffage ! Une étude de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) révélait il y a déjà quelques temps que 75% des financements de la Genève internationale provenaient de 15 sources seulement, dont la Suisse bien sûr !
La Suisse a déjà agi depuis plusieurs années pour renforcer sa mission d’accueil et s’engager pour sécuriser le rôle d’hôte de la Genève internationale. Avec le Canton et la Ville de Genève, le Conseil fédéral a remis en selle la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI). Cela a permis de recueillir régulièrement des votes largement majoritaires du Parlement pour accorder des prêts et divers soutiens aux nécessaires mesures de rénovation ou de nouvelles constructions. Par ailleurs, dans le cadre de leurs compétences, le Canton et la Ville de Genève ont également décidé diverses mesures en faveur de la Genève internationale et le bon accomplissement de ses missions.
Plusieurs démarches ont aussi été conduites pour tenter d’assurer le multilatéralisme. Mais reconnaissons à ce sujet que ce n’est pas de la responsabilité de la seule Suisse. Notons à ce sujet que de nouvelles démarches d’alliances, comme celles des BRICS+, ont entraîné des conséquences et en auront encore. Rappelons ici que les BRICS+ sont actuellement un groupe de dix pays qui se réunissent en sommets annuels : à l’origine le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, rejoints depuis par l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Indonésie et l’Éthiopie. Le but affiché est de rivaliser avec le Groupe des sept (le G7), ces dix pays représentant en janvier 2025 près de la moitié de la population mondiale et 35 % du produit intérieur brut mondial en valeur courante, contre 44 % pour les pays du G7 !
Malgré toutes les mauvaises nouvelles et crises de ce début d’année, des opportunités se sont également produites. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a réussi à signer un accord sur la prévention des épidémies, longuement négocié, largement approuvé par les Etats membres. Le multilatéralisme ne serait donc pas mort.
Le Canton de Genève a pris la mesure de la crise et a réagi vite, décidant d’accorder une aide directe de 10 millions de francs au secteur international. Le Conseil des États a approuvé l’octroi d’un prêt de 44 millions pour la rénovation du siège de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Après la sidération des premiers jours, la mobilisation prend forme. Des propositions surgissent, par exemple dans le sein de l’ Intergroupe Parlementaire Genève Internationale : s’engager dans la mise en œuvre concrète de l’Agenda 2030 sur le développement durable, voté par les Nations Unies ; organiser une grande conférence sur le futur du multilatéralisme, alors que les terrains de discussion se déplacent désormais entre Ankara, Doha ou Riyad ; impliquer encore davantage les pays du « Sud global » ; mieux associer à la réflexion les fondations philanthropiques ; diversifier les sources de financement ; considérer qu’il n’y a pas des réformes à imaginer, mais pas aussi brutalement, avec le licenciement abrupt des employés et l’abandon des populations sur le terrain.
Ces démarches sont importantes pour le maintien et le développement des actions multilatérales et humanitaires de la Genève internationale, un pôle essentiel de soft power utile au monde et à la Suisse. Les récentes négociations entre les États-Unis et la Chine sur les droits de douane en sont un exemple marquant.
La crise que nous connaissons actuellement porte atteinte aux valeurs de notre pays. Il est fondamental que la Suisse, ses citoyens et ses autorités, continuent à s’engager pour des valeurs humanitaires fortes, réunies et actives grâce à la Genève internationale.
Laurent Wehrli est Conseiller national et Vice-Président de l› SGA-ASPE
Kurz und kräftig. Die wöchentliche Dosis Aussenpolitik von foraus, der SGA und Caritas. Heute steht Aserbaidschans Beziehung zu Russland im Fokus. Einst postsowjetische Verbündete, distanziert sich Aserbaidschan seit 2020 zunehmend vom Einfluss des Kremls. Nr. 483 | 12.08.2025
Neue Beiträge von Joëlle Kuntz (La neutralité, le monument aux Suisses jamais morts) und Markus Mugglin (Schweiz – Europäische Union: Eine Chronologie der Verhandlungen) sowie von Martin Dahinden und Peter Hug (Sicherheitspolitik der Schweiz neu denken - aber wie?) Livre (F), Book (E), Buch (D)
Zu den BeiträgenDas Schweizer Mandat im UNO-Sicherheitsrat (2023 und 2024) fiel in turbulente Zeiten, der Rat hatte Schwierigkeiten, in den grossen Fragen Entscheide zu fällen. Jeden Samstag haben wir das Ratsgeschehen und die Haltung der Schweiz zusammengefasst.
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